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MEMOIRES SECRETS.

damné envers le sieur Mouton à vingt mille livres de dommages et intérêts, à tous les frais et dépens. Permis au sieur Mouton de faire afficher un certain nombre d’exemplaires imprimés de la sentence, tant à Paris qu’à Rome, aux frais et dépens du sieur Natoire.


21. — Le sieur Duclos, de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et de l’Académie Française, est connu pour être extrêmement lié avec MM. de La Chalotais. On a parlé, dans le temps, de la chaleur qu’il mettait à défendre en public ces procureurs-généraux, et des craintes qu’il avait inspirées à ses amis par ce zèle inconsidéré. Il est parti depuis peu subitement pour se rendre à Saintes ; lieu de l’exil des magistrats. On croit que M. le chancelier a voulu employer cette dernière ressource pour négocier avec MM. de La Chalotais, et les séduire, s’il est possible. Comme le sieur Duclos est un homme sans conséquence, en cas de refus M. le chancelier prétend qu’il ne sera pas compromis. Ceux qui connaissent le négociateur, peuvent juger par là de l’embarras où se trouve le chef de la magistrature, pour avoir recours à cet homme turbulent, plus propre à brouiller qu’à pacifier, et dont le caractère n’annonce aucune des qualités nécessaires à une négociation aussi délicate.

22. — On prétend que M. de La Chalotais, prévenu de l’arrivée du sieur Duclos, lui a demandé, dès le premier instant qu’il l’a vu, s’il venait le voir comme son ami ou comme son tentateur ; qu’en la première qualité, il serait le très-bien venu et pouvait rester ; qu’en la seconde, il ne voulait ni ne pouvait l’écouter. Sur quoi la franchise de l’Académicien ne lui a pas permis de dissimuler qu’il était chargé de le solliciter de la part de la cour, et de lui détailler les propositions qu’il avait à lui