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FÉVRIER 1770.

très-injurieuse pour le monarque, et que le respect ne permets pas de rapporter.

— On parle d’une nouvelle comédie de M. de Voltaire, intitulée le Dépositaire. Elle roule sur un trait fort connu de la vie de Ninon de L’Enclos. On doute qu’elle passe à la police, quoiqu’il ait substitué un marguillier au grand-pénitencier.

6. — Instructions du gardien des Capucins de Raguse à frère Pediculoso, partant pour la Terre-Sainte. Tel est le titre d’un pamphlet de M. de Voltaire, qui n’a rien de nouveau que le nom et la tournure vive et piquante sous laquelle il résume en vingt paragraphes, d’une manière énergique et serrée, les absurdités, les horreurs et les infamies sans nombre dont il prétend que fourmillent les deux Testamens.

Dans un autre, qu’il appelle Tout en Dieu, et qu’il donne pour un Commentaire sur Malebranche, après avoir développé les lois de la nature, le mécanisme des sens, celui de nos idées, il prouve que Dieu fait tout ; que toute action est de Dieu ; qu’il est inséparable de toute la nature ; et son résultat est que le système du Père de l’Oratoire n’est autre chose que le matérialisme, si conforme au bon sens et à la plus saine métaphysique. Il y a une érudition singulière dans ce petit ouvrage, qu’il plaît à l’auteur d’attribuer à M. l’abbé de Tilladet.

7. — Le Dépositaire, la nouvelle comédie en cinq actes, de M. de Voltaire, a été lue, il y a quelque temps, par le sieur Molé, à l’assemblée des Comédiens, sans qu’ils sussent quel en était l’auteur. Elle leur a paru si bassement intriguée, si platement écrite, qu’elle a été refusée généralement, et que plusieurs se sont permis des réflexions plaisantes. L’un voulait la faire jouer chez