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MEMOIRES SECRETS.

Du reste on en rit, on en plaisante à la manière française. Le jour de l’ouverture de l’Opéra, où les premiers arrêts du Conseil venaient de paraître, comme on étouffait dans le parterre, qu’on y était dans une gêne effroyable, quelqu’un s’écria : « Ah ! où est notre cher Terray ? que n’est-il ici pour nous réduire de moitié ! » Sarcasme qui, sous l’apparence d’un mauvais quolibet, devrait être bien douloureux pour ce ministre, auquel il annonce que son image nous tourmente jusqu’aux lieux les plus agréables, et empoisonne même nos plaisirs.

5. — M. Petit n’a pas voulu rompre le serment qu’il avait fait de ne pas répondre au docteur Bouvard, quoique celui-ci l’en eût relevé ; mais il a adroitement mis sa cause entre les mains de M. Le Preux, un de ses élèves. Par ce moyen il n’y court aucun risque. Si la réponse est faible, on saura toujours gré au jeune médecin d’avoir défendu son maître, et cela fera du moins honneur à son cœur. Si cet écrit est victorieux, tout l’honneur en reviendra à M. Petit, qu’on se doute bien avoir inspiré son apologiste. Cet écrit va paraître incessamment.

— On est toujours curieux de tout ce qui sort de la bouche de mademoiselle Arnould, le Piron femelle pour les ripostes et les saillies. M. Caron de Beaumarchais, l’auteur des Deux Amis, dénigrait l’Opéra actuel devant elle : « Voilà, disait-il, une très-belle salle, mais vous n’aurez personne à votre Zoroastre. — Pardonnez-moi, reprit-elle, vos Deux Amis nous en enverront. »

— On voit une caricature qui représente le roi jouant au billard, et l’abbé Terray ramassant les billes. Outre cette facétie, il y a des vers effroyables contre Sa Majesté, le chancelier et M. l’abbé Terray.

On a trouvé à la statue de Louis XV une inscription