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MEMOIRES SECRETS.

quels il y eut jusqu’à deux heures après minuit table ouverte pour les honnêtes gens. Au dehors on distribua des bouteilles de vin à tous ceux qui en voulurent ; on ne laissait passer personne sans le faire boire à la santé du roi. Ces fêtes furent répétées pour la prise de Dôle, rendue le 6 juin. Il y eut de plus au bureau une grande collation, à laquelle M. le lieutenant-général de police, M. le procureur du roi et les anciens gardes furent invités.

Voulant transmettre les témoignages publics de leurs sentimens pour Sa Majesté, les marchands merciers prièrent M. de Santeuil de faire un poëme sur ce sujet, et M. Corneille voulut bien le traduire. C’est ce poëme et cette traduction qu’on vient de remettre au jour, sous le titre de Poëme à la louange de Louis XIV, présenté par les gardes des marchands merciers de la ville de Paris, avec une magnificence typographique digne du sujet. On a placé en tête l’historique de l’anecdote ci-dessus, amplement détaillée dans un registre d’anciennes délibérations du bureau de la mercerie, et très-curieuse par le fond et par plusieurs circonstances que le lecteur remarquera facilement. Quant au poëme, il est en aussi beau latin qu’on en pouvait faire dans le dix-septième siècle. La traduction est de Corneille, mais en comme on l’a observé, c’est-à-dire qu’il y a de très-beaux vers, mais en général beaucoup d’incorrection, d’emphase et peu de sentiment.

24. — Les Comédiens Italiens donnent depuis quelque temps l’Arbre enchanté, comédie italienne en cinq actes, avec grand spectacle et divertissement[1]. Cette pièce attire beaucoup de monde, et achève de leur donner

  1. Représentée pour la première fois le 9 janvier 1770. — R.