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JANVIER 1770.

Au commencement de 1674, Louis XIV fit demander au corps de la mercerie un secours d’argent. On proposa à ce corps, en récompense, le premier rang parmi les six corps, le droit de donner tous les ans plusieurs sujets au consulat, et l’affranchissement d’une espèce de servitude à laquelle son commerce était assujetti depuis quelques années. Le corps chargea les gardes en charge d’offrir au roi cinquante mille livres, et d’accepter l’affranchissement de la servitude du commerce ; mais de déclarer que, content de son rang entre les six corps et de l’usage établi pour le consulat, il priait qu’il n’y fût rien changé. Peu de temps après, M. de Colbert annonça aux gardes en charge que le roi, content du zèle que le corps avait témoigné pour son service, leur rendait les cinquante mille livres, et leur donnait deux mille écus pour faire prier Dieu pour Sa Majesté, décorer leur chapelle et boire à sa santé. En conséquence les gardes firent célébrer dans l’église du Sépulcre les prières de quarante heures pour Sa Majesté et pour la prospérité de ses armes. Cela se fit avec la plus grande solennité. Tous les jours il y eut au bureau une table de vingt couverts, à laquelle dînèrent les prélats qui avaient officié et les prêtres de leur suite. On manda toutes les pauvres familles des marchands auxquelles on distribua des aumônes. Enfin, pour remplir entièrement les vues du roi, ils firent décorer la chapelle des marchands merciers par un tableau du célèbre Le Brun, qui se voit au retable du maître-autel du Sépulcre. Le dernier jour des quarante heures on apprit que la citadelle de Besançon s’était rendue le 22 mai. Dans les réjouissances publiques pour cet événement, on fit un grand feu de joie devant la porte du bureau et de chacun des gardes en charge, chez les-