Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 3 - 1769-1772 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/114

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
98
MEMOIRES SECRETS.

pagnie des Indes envers l’État, et de l’État envers la Compagnie des Indes, en affirmant que l’auteur est coupable d’une grande ignorance des faits, puisqu’il cite comme réels des dons imaginaires de la part du roi, et qui n’ont jamais existé que dans les arrêts du Conseil, par une convention de forme, essentielle aux circonstances.

23. — Le sieur d’Auberval, un des coryphées de la danse du théâtre lyrique, vient de faire construire dans sa maison un salon qui lui coûte environ quarante-cinq mille livres, et que tout Paris va voir. Il est admirable par le goût, l’élégance et la richesse de la décoration et des ameublemens. Il y a en outre un jeu de mécanisme, au moyen duquel on peut, quand on veut, en faire une salle de théâtre. On n’admire pas moins le travail d’une espèce de vestibule, qui se monte et se démonte en dix minutes, et qui s’établit dans la cour pour mettre à couvert toute la livrée des gens qui assisteront aux bals, objet principal auquel ce salon est destiné. Il paraît que plusieurs femmes de la cour et des seigneurs voulant s’exercer de loin à briller aux divertissemens qui doivent avoir lieu lors du mariage de M. le Dauphin, ont imaginé de faire des répétitions chez le danseur en question ; que de là est venue l’idée de la construction de ce salon, et que, pour se dédommager des frais d’un tel établissement, le sieur d’Auberval a eu la permission de donner des bals. Il répand dans le public un prospectus de la souscription, dont on y peut voir les détails. Les princes se proposent aussi de se servir de ce lieu pour répéter également les fêtes qu’ils voudront donner. Plusieurs se sont fait ménager des loges en cet emplacement, et l’on attend avec empressement l’ouverture de la nouvelle école chorégraphique.