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DÉCEMBRE 1769.

tendres sont encore affectés de cette histoire romanesque. On blâme généralement l’opiniâtreté de M. Le Monnier, qui par des mémoires infâmes a cherché à rendre odieux et méprisable un homme estimé publiquement.

La fille vient de répandre un Mémoire en réponse aux horreurs débitées par M. Le Monnier, où elle est obligée par sa position cruelle de défendre un amant contre un père. On y retrouve l’avocat disert qui a déjà fait d’autres mémoires dans la même cause : il a traité cette matière plus en romancier qu’en jurisconsulte : plus de mots que de choses, plus de phrases que de raisons constituent le fond de cet ouvrage, qu’on trouve sur toutes les toilettes et qui y aura plus de succès que sur le bureau des juges.

M. Loyseau de Mauléon termine cette apologie par une lettre à mademoiselle Le Monnier, en date du 5 décembre, où après avoir donné à entendre avec autant de vanité que d’indécence, qu’il lui a prêté sa plume gratuitement, il déclare que devenant maître de la chambre des Comptes de Nancy, les usages de l’ordre des avocats et ceux de la Compagnie ne lui permettent pas de signer ce Mémoire ; qu’en conséquence il le remet entre les mains d’un ancien confrère. Ce dernier, après un bout de consultation fort plate, datée du 10 décembre, adopte l’ouvrage du sieur Loyseau et signe le Mémoire.

31. — Lettre d’Alexandre Gordon à sir Charles Gordon, son frère.

« C’est avant mon dernier moment, cher Charles, que je prends la plume pour te faire part de mon sort. Je suis Condamné à perdre la tête sur un échafaud entre quatre et cinq heures, ce 29 novembre, après midi. Ma seule