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DÉCEMBRE 1769.

tout ce que j’ai fait. De plus : je déclare n’avoir jamais eu intention de former aucunes liaisons ici : c’est le cruel hasard qui me les a fait trouver.

« Mitigez donc, s’il se peut, la sévérité des lois : permettez que je vous rappelle encore une fois que j’ai une mère, et que je vous représente la douleur d’une famille nombreuse ; elle est noble : et s’il faut mourir, ne me faites pas souffrir d’ignominie ; laissez-moi agir en liberté, et je saurai éviter la honte. Enfin, pour dernière grâce, que je meure avec mon écharpe militaire et qu’on la fasse tenir ensuite à mon frère. »


29. — Outre l’Avis aux gens de lettres, dont on vient de parler, il avait paru dans l’affaire de M. Luneau de Boisjermain avec les libraires, un troisième Mémoire, sous le titre de Dernière Réponse signifiée et Consultation pour le Sieur Luneau de Boisjermain contre les syndics et adjoints des Libraires de Paris. Dans ce Mémoire, encore plus vigoureux que les précédens, l’auteur a su répandre un intérêt dont on ne croirait pas la matière susceptible, et qui d’une cause particulière, en a fait une générale avec tous les gens de lettres, par le détail des vexations que ces derniers en éprouvent continuellement et qui deviendraient de plus en plus odieuses, si on les laissait empiéter sur eux comme ils le prétendent. On sait que depuis long-temps ils affectent envers eux une dureté et un despotisme intolérable, et que M. Gresset les a déjà couverts du ridicule qu’ils méritent, dans la Chartreuse, où il dit en décrivant les entours du collège des Jésuites et de la rue Saint-Jacques :


Où trente faquins d’imprimeurs
Donnent froidement audience
À cent faméliques auteurs, etc.