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MÉMOIRES SECRETS

avec quelle générosité elle saisit, il y a quelque temps, la circonstance où M.  Diderot s’est trouvé forcé, par des raisons domestiques, à faire le sacrifice de sa bibliothèque. Aujourd’hui ayant appris qu’on avait négligé de lui payer la pension qu’elle y a attachée, elle a ordonné que, pour prévenir désormais cet obstacle, il lui fût payé cinquante années d’avance, ce qui fait un objet de cinquante mille livres.

13. — M.  de Voltaire, dont la manie est d’écrire toujours, de toujours imprimer, et de désavouer ensuite ce qu’il a fait, vient d insérer dans les ouvrages périodiques un Appel au public contre un Recueil de prétendues Lettres de M.  de Voltaire[1], intitulées Lettres de M. de Voltaire à ses amis du Parnasse, avec des notes historiques, critiques, etc. Il joint à cette réclamation des certificats de M.  Damilaville, de M.  Déodati de Tovazzi, de M.  le duc de La Vallière, et du sieur Wagnière, secrétaire de ce grand poète, qui tous, attestant des interpolations, des infidélités, assurent qu’ils ont en main les originaux. M. de Voltaire broche ensuite sur le tout, réitère ses plaintes tant de fois répétées contre les éditions clandestines de ses œuvres : il insinue que le Dictionnaire Philosophique n’est pas tout entier de lui, et recommence par une nouvelle sortie contre les éditeurs, qu’il appelle calomniateurs, etc. Il voudrait intéresser les puissances à le venger. Rien de plus plaisant que tous ces désaveux, et de plus propre à en imposer à ceux qui ne connaissent pas le dessous des cartes.

  1. Cet Appel au public n’a jusqu’à ce jour été compris dans aucune édition des Œuvres de Voltaire. — R.