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MÉMOIRES SECRETS

cesse d’agiter toute l’Europe pour une famille presque aussi infortunée, celle des Sirven. Il se répand une Lettre de ce grand homme à madame Geoffrin, où il la sollicite d’exciter la commisération du roi de Pologne pour ces protestans persécutés : elle est datée du 5 juillet 1766.

« Vous êtes, Madame, avec un roi qui, seul de tous les rois, ne doit sa couronne qu’à son mérite. Votre voyage vous fait honneur à tous deux. Si j’avais de la santé, je me serais présenté sur votre route, et j’aurais voulu paraître à votre suite. Je ne peux mieux faire ma cour à Sa Majesté et à vous, Madame, qu’en vous proposant une bonne action ; daignez lire et faire lire au roi le petit écrit[1] ci-joint.

« Ceux qui secourent les Sirven et qui prennent en main leur cause, ont besoin d’être appuyés par des noms respectés et chéris. Nous ne demandons qu’à voir notre liste honorée par ces noms qui encouragent le public. L’aide la plus légère nous suffira. La gloire de protéger l’innocence vaut le centuple de ce qu’on donne. L’affaire dont il s’agit intéresse le genre humain, et c’est en son nom qu’on s’adresse à vous, Madame. Nous vous devrons l’honneur et le plaisir de voir un bon roi secourir la vertu contre un juge de village, et contribuer à extirper la plus horrible superstition, ».

4. — On attribue le livre des Commissions extraordinaires [2] à M.  Le Paige, avocat, bailli du Temple. Le ministre la envoyé chercher, pour lui faire des reproches d’avoir fait imprimer ce livre sans permission. L’auteur s’est très-bien défendu, en répliquant qu’il n’y avait rien

  1. Avis au public sur les parricides imputés aux Calas et aux Sirven. V 15 septembre 1766. — R.
  2. V. 13 novembre 1766. — R.