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MÉMOIRES SECRETS

sur les abus des commissions, fait l’analyse des plus connues de l’Histoire ; d’où il infère qu’on ne doit pas mettre en question qu’une commission extraordinaire en matière criminelle puisse jamais être licitement établie. Il est facile de voir le but de l’auteur[1], et quoiqu’il tende toujours à son objet principal, il ne se démasque point, et traite cette matière avec discrétion et sentiment. Cet ouvrage est certainement de quelqu’un fort instruit, et dans les circonstances il fait une grande sensation.

15. — Le Docteur Pansophe, ou Lettres de M.  de Voltaire[2]. Ce docteur Pansophe est l’opposé du docteur Pangloss. Celui-ci affirme que tout est bien ; l’autre nous crie depuis douze ans que tout est mal ; et ce docteur Pansophe, comme on le devine aisément, est J.-J. Rousseau. Ces Lettres sont au nombre de deux. Dans la première, adressée à M.  Hume, M.  de Voltaire parle surtout du démêlé actuel de cet Anglais avec le philosophe genevois ; il prétend que ce dernier a d’autant plus de tort de l’accuser comme le plus cruel de ses persécuteurs, qu’il prouve avoir été le premier à lui offrir un asile. La seconde Lettre paraît être adressée à M.  Rousseau lui-même : elle renferme de bonnes plaisanteries et de meilleures raisons, de la gaieté et nulle aigreur.

16. — Madame Geoffrin, cette femme rare, dont on a eu occasion de parler, lors de son voyage en Pologne, est de retour à Paris depuis quelques jours. En passant par Vienne, elle a reçu de la part de l’Impératrice-reine

    priméprimé, avec des additions de l’auteur, sous ce titre : De la stabilité des lois constitutives de la monarchie en général, etc. ( Rennes), 1789, in-8o. — R.

  1. Une commission extraordinaire avait été nommée pour juger MM. de La Chalotais, de La Colinière, etc. — R.
  2. Londres, 1766, in-12 — R.