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MÉMOIRES SECRETS

Ces œuvres contiennent dix-neuf discours, composant un Traité de l’homme selon les différentes merveilles qui le composent. Tout cela est très-bien écrit et nous annonce l’auteur comme étant à la fois théologien, philosophe, mathématicien, orateur et poète. Il y a sans contredit beaucoup de paradoxes, car quel ouvrage de métaphysique en est exempt ? L’éditeur a mis en tête un Éloge historique de l’auteur : il en résulte que ce Jésuite, né a Châteaulin en Basse-Bretagne, le 22 mars 1675, fut reçu au noviciat en 1693 ; qu’en 1726 il fut nommé professeur royal de mathématiques au collège de Caen, remplit cette place avec la plus grande distinction jusqu’en 1759, qu’il fut obligé d’obéir aux ordres de ses supérieurs, et de se reposer, étant déjà âgé de quatre-vingt-quatre ans. Les philosophes qu’il goûtait le plus, dit-on, étaient Platon, Descartes, Malebranche. De tous les poètes français, Corneille lui paraissait le plus grand, et Boileau le plus sensé. Il regardait Rousseau comme le dernier de nos poètes, non dans le sens que pourrait l’entendre M.  de Voltaire, ajoute Fréron dans son extrait, mais comme on disait de Caton, que c’était le dernier des Romains. Le Père André était en relation avec Malebranche, son ami, et Fontenelle, qui ne le connaissait que par lettres. Après la dissolution du collège de Caen, il choisit sa retraite à l’Hôtel-Dieu de cette ville, où le parlement de Rouen pourvut à sa subsistance, au-delà de ses désirs, en ordonnant de lui accorder absolument et sans aucune condition ce qu’il demanderais Il est mort le 26 février 1764.

9. — M.  Poinsinet, poète attaché depuis quelque temps au prince de Condé, vient de faire imprimer un Divertissement fait à l’occasion de l’arrivée de ce prince