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MÉMOIRES SECRETS

un poëme singulier ; il a pour titre : Feu M.  le Dauphin à la nation en deuil depuis six mois[1]. Il débute ainsi :


France ! rosier du monde, agréable contrée,
Qui ne m’as, dans le temps, qu’à peine été montrée,
Amour des nations, sociables François,
Peuple chéri du ciel, et chérissant vos rois ;
Également aimé de votre auguste maître,
Qui fit tout pour me rendre un jour digne de l’être,
Tandis que je tremblais, l’adorant comme vous,
D’hériter d’un pouvoir pour vous et moi si doux :
Chers amis, que ma voix touchante et fraternelle
Parvienne à vous du haut de la voûte éternelle,
Et ne vous parlant plus que de félicité
Après un deuil si long vous rende à la gaîté.


Qui croirait ces vers sortis de la main qui a crayonné la Métromanie ?

1er Octobre. — Le jeune Molé, comédien très-agréable au Théâtre Français, a une fluxion de poitrine, avec la fièvre maligne. Le public témoigne beaucoup d’intérêt à sa santé et demande de ses nouvelles tous les jours à l’acteur qui vient annoncer. C’est un sujet cher à ses plaisirs, et dont la perte ferait un vide à ce spectacle dans les circonstances actuelles.

2. — On a donné aujourd’hui[2] au Théâtre Italien une nouveauté inattendue : c’est une petite pièce, intitulée la Fête du château, qu’on attribue à M.  Favart. Elle est dans le genre des anciens opéras comiques, c’est-à-dire que tous les airs en sont parodiés. Mais rien de mieux choisi que ces airs, ni de mieux adapté aux pa-

  1. Paris, Ve Duchesne, 1766, in-4o de 12 pages. — R.
  2. Le 25 septembre, suivant le Mercure de France et l’Almanach des Spectacles de Paris. — R.