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JANVIER 1766

bons et braves citoyens de Paris avaient porté des chandelles à la statue d’Henri IV. Je vous dois la réponse que je fais à ces bonnes gens. Si j’avais été a Paris je les aurais accompagnés ; mais comme je ne veux point me brouiller avec les moines de Sainte-Geneviève, je vous demande en grâce, avec les instances les plus vives, de ne laisser prendre aucune copie de ces vers[1]. Il est vrai que de la poésie allobroge, venant du pied du Mont-Jura et du fond des glaces affreuses qui nous environnent, ne mérite guère la curiosité des gens de Paris ; mais le sujet est si intéressant, qu’il peut tenter les moins curieux.

De plus, il m’est important de savoir ce qu’on pense de ces vers avant qu’on les publie. Je dois peut-être adoucir la préférence trop marquée que je donne à l’adorable Henri IV sur sainte Geneviève. Ma passion pour ce grand homme m’a peut-être emporté trop loin. Je n’ai songé qu’aux bons Français en composant cet ouvrage tout d’une haleine, et je n’ai pas assez songé aux dévots, qui peuvent trop songer à moi.

Recueillez les voix, je vous en prie, et instruisez-moi de ce qu’on dit, afin que je sache ce que je dois faire.

Vous m’appelez plaisamment votre protecteur, et moi je vous appelle sérieusement le mien dans cette occasion.

Réponse de M. le marquis de Villette.

Lorsque je reçus votre lettre,
Dont je suis encore attendri,
Chacun commençait à connaître
Votre Oremus au grand Henri.
Dans une espèce de bréviaire

  1. L’Épître à Henri IV.