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août 1766

3. — Extrait d’une lettre de M.  de Voltaire. « … J’ai reçu et lu le Mémoire de l’infortuné M.  de La Chalotais. Malheur à toute âme sensible qui ne sent pas le frémissement de la fièvre en le lisant ! Son curedent grave pour l’immortalité… Les Parisiens sont lâches, gémissent, soupent et oublient tout[1]. »

Pour mieux entendre ceci, il faut se rappeler ce que nous avons dit et cité du Mémoire[2].

4. — Le père Fidèle, de Pau, si célèbre par son Oraison funèbre du Dauphin, a mis au jour, depuis quelque temps, un livre non moins curieux par le fond et par la forme. Le titre seul annonce le ton original de l’auteur ; c’est le Philosophe dithyrambique[3]. Il attaque dans cet écrit les grands philosophes de nos jours. C’est par l’ironie que le Capucin se propose de combattre leurs erreurs. « Les dithyrambes, dit-il, étaient des ouvrages faits en l’honneur de Bacchus : productions, d’ailleurs, d’un style emphatique, obscur, vrai galimatias. Aristophane appelait les auteurs dithyrambiques des charlatans. » L’ouvrage est divisé en deux parties : dans la première, l’auteur examine quelles sont les qualités nécessaires à un écrivain en matière de religion, et prouve que les déistes n’ont aucune de ces qualités ; dans la seconde, il parcourt les maux que les livres philosophiques, qu’il appelle libelles, ont causés. C’est partout une imagination déréglée, une érudition indigeste, une diction burlesque, un ton de bouffonnerie, qui amuse d’abord, mais qui ennuie à la fin.

  1. Il paraît que cet extrait est tiré d’une lettre à d’Alembert, du 7 auguste 1766. — W.
  2. V. 1er août 1766. — R.
  3. Paris, Vente, 1766, in-12. — R.