Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
MÉMOIRES SECRETS

beaucoup de bruit : elle intéresse MM. de Lauraguais et de Villetle. Elle a donné lieu à des épîtres de part et d’autre, peu dignes d’être rapportées. Elle est née à l’occasion d’un pari prétendu fait entre les deux adversaires, et que M.  de Villette avait perdu. Il était question d’une course à exécuter par les chevaux et coureurs de ces messieurs. Le dernier n’a pas voulu donner le tableau en jeu, soutenant qu’il n’avait point parié. Ces deux champions, étant sur le point d’entrer en lice, se sont trouvés arrêtés par les gardes des Maréchaux de France, et l’affaire est au tribunal. Elle occupe beaucoup les gens de lettres, qui prennent parti pour ou contre.

18. — Nous avons oublié de faire mention de la mort de M.  Bonneval, auteur lyrique, mort il y a quelques mois. Un acte[1] de lui qu’on va donner en rappelle la mémoire. Il avait été intendant des Menus, il était trésorier de la reine, et est mort à soixante ans environ, de chagrins domestiques. Tous ses ouvrages n’ont eu aucun succès.

20. — Les Comédiens Français ont donné aujourd’hui la première représentation d’Artaxerxe, tragédie nouvelle de M.  Lemière. Le premier acte a été froidement accueilli. Le second a reçu des applaudissemens généraux et a paru de la plus grande beauté. Le troisième, bien loin de renchérir, ne s’est pas soutenu au même point. Le quatrième encore moins. Enfin la catastrophe est tout ce qu’il y a de plus ridicule et de plus absurde, par la complication d’événemens qui se rassemblent en un seul instant, et qui tous formeraient autant de tragédies différentes. On voit que l’auteur, uniquement occupé d’étonner le spectateur par des coups de théâtre inat-

  1. Lindor et Ismène. — R.