M. de La Chalotais, dont on a parlé[1]. Ce Mémoire fait un bruit du diable ; il est recherché de tous les curieux et forme une pièce de bibliothèque très-précieuse.
15. — L’activité de l’esprit de M. de Voltaire n’est pas ralentie sur ses vieux ans : ou voit naître chaque jour des productions de sa part ; mais, toujours constant dans ses derniers principes, il semble particulièrement occupé à nourrir dans l’esprit de ses lecteurs ce scepticisme trop répandu depuis quelques années : tout ce qui sort de sa plume aujourd’hui tend à fortifier ses premières assertions. Il vient de paraître un ouvrage qui a pour titre le Philosophe ignorant. On y reconnaît à chaque page l’auteur de la Philosophie de l’Histoire, etc. Il a divisé son livre en Doutes, qu’il serait bien difficile de résoudre, à ne suivre que les lumières ordinaires de la raison, et qui fondent le pyrrhonisme, si dangereux pour les vérités reçues.
16. — Abrégé de l’Histoire ecclésiastique de Fleury, traduit de l’anglais[2]. Cet ouvrage, attribué au roi de Prusse, perce lentement dans le public : il est précédé d’une préface fortement écrite, et plus énergiquement pensée. L’auteur prétend, d’après le récit même de la manière dont l’Église s’est formée, démontrer que c’est une institution tout humaine ; en sorte que cette Histoire est la satire la plus forte et la plus dangereuse de la religion. On y trouve les anecdotes les plus précieuses.
17. — Une rixe élevée entre deux hommes qui se piquent de bel esprit et qui tiennent un rang dans la littérature, et comme auteurs et comme Mécènes, fait