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août 1766

beaucoup d’art et d’esprit. L’amateur habile a saisi en quelque sorte l’âme et le feu de son modèle, il la représenté d’un air pensif, mais animé, devant son bureau, ayant une main posée sur un papier, et tenant de l’autre une plume, et prêt à écrire ce qu’il médite. La tête est coiffée d’un bonnet, sur une grande chevelure. Une ressemblance parfaite, une attitude facile et intéressante, une exécution nette et brillante, un vrai qui se fait sentir, rendent cette estampe très-précieuse[1].

10. — M.  Huber vient de donner au public un Choix de poésies allemandes en quatre volumes in-12. C’est une traduction des meilleurs poètes allemands. Ce recueil fait honneur à la littérature de leur pays, et peut être très-utile à la nôtre. M.  Huber nous a déjà donné les traductions du poème de la Mort d’Abel, des Pastorales, et du Daphnis de Gessner. On remarque que dans cet ouvrage-ci les fleurons placés au frontispice de chaque volume sont gravés par M.  Watelet, de l’Académie Française.

11. — Le bruit se confirme de plus en plus des plaintes portées au roi par le parlement contre M. de Voltaire et sa licence à critiquer ses arrêts[2], ainsi qu’à écrire sur des matières dangereuse et propres à répandre l’athéisme partout. On prétend que, pour en empêcher les suites fâcheuses, ses amis l’ont engagé à solliciter une retraite auprès du roi de Prusse.

Il est question d’une nouvelle lettre sur le jugement de M. de Lally, qu’on attribue à M. de Voltaire, où il fronde encore le jugement du parlement. Il voudrait le faire réhabiliter comme les Calas[3].

  1. Il n’est pas certain que cette estampe soit de Boufflers. Ou lit au bas : Dessiné à Ferney, et gravé par M. B…, 1765, — R.
  2. V. 6 août 1766. — R.
  3. Voltaire, au lit de mort, eut la consolation d’apprendre la cassation de