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MÉMOIRES SECRETS

l’énergie dans cet ouvrage précieux, comme discours oratoire. Ce n’est point à nous à toucher au fond de la question.

6. — Il court trois lettres manuscrites, datées du 6 juillet, sur l’affaire et l’exécution de M.  de La Barre, gentilhomme brûlé à Abbeville pour sacrilège. On attribue ces trois lettres à M. de Voltaire : elles en sont dignes par ce cri de l’humanité qu’il fait entendre partout, et par ce sarcasme fin dont il assaisonne tout ce qu’il dit. Il cite entre autres choses dans ces lettres l’histoire d’un M. Le Camus qui, étant jeune prêtre, communia un cochon avec une hostie, et ne fut qu’exilé. Ce même Le Camus, parent de M.  de La Barre, fut depuis cardinal. Le parlement est furieux contre ces lettres, et l’on assure que le premier président en a porté des plaintes au roi. On y semble rendre compte de tout ce qui s’est passé à Abbeville, ainsi que de la fermeté avec laquelle M.  de La Barre a souffert son supplice.

7. — La Raméide, poëme[1]. On y lit pour épigraphe :

Allez, mes vers, craignez peu les méchans,
On ne les connaît pas chez les honnêtes gens.


Et plus bas : Inter ramos lilia fulgent. Cet ouvrage est de M.  Rameau, neveu du fameux musicien.

8. — M.  de Boufflers, officier, amateur plein de goût et de talens, a dessiné tout nouvellement, au château de Ferney, le portrait de M.  de Voltaire, et l’a gravé en profil dans un ovale de huit pouces de hauteur sur sept de largeur. Cette gravure paraît faite à l’eau forte et terminée à la pointe, dans la manière de Rambrandt, avec

  1. Amsterdam (Paris), 1766, in-8o — R.