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MÉMOIRES SECRETS

cette célèbre danseuse qui brillait à la Comédie Italienne et en partageait la gloire avec son mari, a perdu, vendredi dernier, son singulier procès dont parlé[1], où elle prétendait n’être point mariée avec lui, et s’être débarrassée de toute formalité en jetant au feu son contrat de mariage. Elle est reconnue femme véritable et légitime dudit Pitrot, obligée de retourner avec lui, déclaré le chef de la communauté. Pour se soustraire à l’autorité conjugale, elle est entrée depuis quelque temps à l’Opéra[2].

14. — Étrennes salutaires aux riches voluptueux et aux dévots trop économes, ou Lettre d’un théologien infortuné à une dévote de ses amis, par M.  Travenol, pensionnaire de l’Académie Royale de Musique[3]. Ce Travenol est sans doute celui qui a été impliqué dans le procès de M.  de Voltaire[4].

Il nous paraît que ces Étrennes originales contiennent des reproches aux riches de ce qu’ils ne font pas assez de bien à ceux qui sont pauvres, et que dans ces reproches il entre beaucoup de personnel.

15. — De fades adulateurs, des écrivains mercenaires ne cessent d’élever des trophées à la gloire de M.  de Voltaire, comme si ses propres ouvrages n’étaient pas un monument supérieur à tous ceux qu’on pourrait lui con-

  1. V. ier et 14 septembre 1765. — R.
  2. C’était un des privilèges de l’Opéra que toute fille ou femme qui s’y faisait recevoir comme sujet se dérobait ainsi au pouvoir paternel ou conjugal. — R.
  3. Amsterdam et Paris, 1766, in-12. — R.
  4. Louis Travenol, violon de l’Opéra, ayant fait réimprimer, a l’occasion de la réception de Voltaire à l’Académie Française, un Discours prononcé à la porte de l’Académie, composé en 1743, lors des premières démarches du poète pour entrer dans ce corps, Voltaire le traduisit en justice et le fil condamner. — R.