Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/435

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
431
AVRIL 1769

et l’a ramenée lui-même à Paris, où depuis lors elle n’a pris aucune nourriture, pas même de bouillon, et où elle présente à ceux qui la voient le spectacle le plus tragique ; elle est suffoquée, elle étouffe, et ne paraît avoir d’autre sentiment que celui de la douleur.

28. — Mademoiselle Hus, devenue intéressante pour le public par le spectacle qu’elle lui présente d’une femme et d’une actrice consumée d’amour, est encore dans un état déplorable. Elle paraît comme stupide ; elle a un tressaillement général et continu dans le genre nerveux. Sa porte est assiégée d’incrédules qui vont par eux-mêmes savoir de ses nouvelles et s’informer de la vérité du phénomène.

29. — On apprend que M. de Voltaire, avant sa communion dernière, a prononcé un beau et pathétique discours, où il s’est expliqué catégoriquement sur sa foi, et où il a renié toutes ces malheureuses brochures qu’on lui attribue.

Ier Mai. Il paraît une cinquième Homélie prononcée à Londres dans une assemblée particulière le jour de Pâques. Elle roule sur la communion ; elle est pleine de citations savantes et plaisantes sur cette matière : le soi-disant prédicateur rapporte les contradictions de diverses espèces des apôtres, des pères de l’Église et des théologiens à l’égard d’un mystère qui prête à un ridicule inépuisable, quand on ne le respecte pas avec l’humilité d’une foi également vive et aveugle. La meilleure morale à tirer de cet écrit, comique et sérieux tour à tour, est cet esprit de tolérance que l’auteur prêche dans tous ses ouvrages avec une constance vraiment philosophique. Malgré les nouvelles protestations de M. de Voltaire qui a renié toutes ces œuvres de ténèbres, on est encore tenté