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MÉMOIRES SECRETS

gion fausse et tyrannique pour des esclaves, et ne peut avoir que les conséquences les plus fâcheuses.

À la suite de ce premier ouvrage est un second, qui lui sert d’appui, et qui a pour titre : Dissertation critique sur les tourmens de l’enfer. Il est aussi traduit de l’anglais, et parut à Londres en 1758. Il est plus savant que le premier, plus appuyé de citations et de passages de l’Écriture même ; car, ce qui rend ces libelles contre la religion plus redoutables, c’est que leurs auteurs puisent dans les livres saints les plus forts argumens dont ils la combattent. Le style de ces deux écrits, et surtout du premier, est un style de dissertation, froid, diffus, et n’enthousiasme en rien le lecteur ; mais la logique en est si serrée, si pressante, si lumineuse, qu’il faut toute la foi possible pour y résister.

2. — Les Comédiens ordinaires du roi voulant proposer un encouragement à ceux qui sont dans le cas de travailler pour leur théâtre, en affectant des récompenses à ceux qui auront contribué à sa prospérité et à son amélioration, ont arrêté de donner deux pensions viagères de huit cents livres aux deux sujets qui auront le plus mérité d’eux : en conséquence, ils viennent de choisir MM. Favart et Duni pour les premiers sujets de leur bienveillance. Le premier est connu par une grande fécondité de pièces, toutes assez agréables au public ; le second est le premier musicien qui ait fait révolution dans l’espèce de composition de l’opéra-comique par le Peintre amoureux de son modèle. Ce nouveau genre d’harmonie eut peine à prendre, et ne fut goûté qu’après plusieurs représentations.

3. — L’affaire de la Compagnie des Indes occupe la cour et la ville par la tournure grave qu’elle est sur le