Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/425

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
421
MARS 1769

le projet d’établir aux Champs-Élysées un Wauxhall perpétuel, dont l’étendue et la richesse surpasseront infiniment tout ce qu’on a vu en ce genre. On en peut juger par la mise de fonds que ces gens-là se proposent de faire, et qui doit, dit-on, monter jusqu’à douze cent mille livres. Il ne s’ouvrira que dans un an, au mariage de M. le dauphin. À la tête de ce projet est un nommé Corbie, créature attachée à M. le duc de Choiseul, versé depuis long-temps dans tous les genres de spéculation, et qui, par les facilités que lui donne son maître, est à même de procurer à ses confrères tous les secours et toute la protection dont ils peuvent avoir besoin.

1er Avril. — L’Enfer détruit, ou Examen raisonné du dogme de l’éternité des peines[1]. Suivant un petit avertissement, cet ouvrage est sorti de la même plume que celle de l’auteur de la Cruauté religieuse[2]. Il parut à Londres en 1761. Il est question d’y montrer à tout homme raisonnable que le dogme de l’éternité des peines n’a d’autre base que l’intérêt des imposteurs, dont le métier consiste à tromper le genre humain : 1° en ce qu’il est incompatible avec la justice et la gloire de Dieu ; 2° en ce qu’il est probable que ceux qui ont enseigné cette doctrine ne la croyaient pas eux-mêmes, et avaient des vues particulières pour la répandre ; 3° en ce que de savans théologiens ne sont nullement d’accord entre eux pour décider si cette doctrine est formellement annoncée dans les Écritures ; 4° en ce qu’un dogme si contraire à la bonté divine ne peut servir de base à une vraie religion, qu’il n’est propre qu’à fomenter une reli-

  1. Traduit de l’anglais par le baron d’Holbach. Londres (Amsterdam, M.-M. Rey), 1769, in-12. — R.
  2. V. 4 juin 1769. — R.