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MÉMOIRES SECRETS

montel, paraît depuis quelque temps, avec une préface très-longue, servant d’apologie à son auteur et a son ouvrage. Cette préface contient un développement des causes de la dissolution de la république romaine et de la guerre qui l’entraîna sous le joug. Il semble que le public n’en raffole pas, et ce livre fort cher ne se vend pas prodigieusement. L’auteur, au reste, n’a pas tout traduit : il a élagué les morceaux qui ne lui convenaient pas.

24. — M. le prince héréditaire de Brunswick s’est rendu aujourd’hui à l’Académie Française, où il a été admis au rang des membres. M.  Marmontel a commencé la séance par la lecture d’un roman intitulé Bélisaire. M. de Nivernois a lu ensuite cinq fables de sa façon, et enfin M. l’abbé de Voisenon a adressé au prince son compliment, consistant en une pièce de vers, où, après avoir félicité l’Académie du bonheur de posséder ce héros, il s’est rejeté sur les fêtes qu’on lui donne, en a fait voir le ridicule, en ce qu’elles sont toutes dans un genre qui ne lui convient pas. Il s’est moqué de lui, de nous et de tout le public. MM. Duclos et d’Alembert ont ensuite reconduit ce prince à son carrosse. On lui a donné deux jetons, comme aux autres Académiciens. Il a d’abord fait quelque difficulté, c’est-à-dire témoigné sa surprise. Le présentant lui a déclaré qu’ils lui convenaient d’autant mieux qu’ils contenaient sa devise au revers, s’il voulait la lire. Il les a retournés, et il a trouvé ces mots : À l’immortalité.

26. — M.  de Rochefort, qui nous avait donné, il y a un an, l’Essai d’une traduction en vers de l’Iliade d’Homère, ne perd point de vue cette grande et laborieuse entreprise : il vient de faire paraître les six premiers