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MÉMOIRES SECRETS

l’arrêt du 5 mai 1768, dans lequel se trouve impliqué l’incident de l’affaire appelée l’affaire du poison. On y discute en détail les différens mémoires et requêtes des Clémenceau, des Fourneau, etc. L’historique de tout cela est si noir, si atroce, si contradictoire, si incroyable, que le lecteur ne peut être que très en garde contre un pareil récit. Il faut voir comment l’appel sera reçu au Conseil. Ce procès, rempli d’irrégularités, pèche par tant d’endroits, que cet appel ne peut manquer d’être admis. Du reste, l’ouvrage est parsemé d’anecdotes scandaleuses, surtout contre les nouveaux membres de ce que l’historien appelle le bailliage d’Aiguillon ; et ce Parlement, l’aréopage de la province, ne serait, suivant lui, que le résultat de ce qu’il y aurait de plus vil et de plus méprisable.

10. — M. de Voltaire vient de perdre un de ses intimes amis, en la personne de M. Damilaville[1]. La correspondance de ce grand homme et quelques louanges dont il l’a honoré dans ses ouvrages, lui avaient donné une sorte d’illustration. Il avait acquis ainsi une consistance dans la littérature, et s’était trouvé lié avec les personnages les plus célèbres. On prétend même qu’il a fait quelques opuscules anonymes[2]. Quoi qu’il en soit, il est mort d’une maladie de langueur. M. Diderot a long-temps soutenu sa constance ; mais enfin on l’a déterminé à avoir recours aux consolations spirituelles, et le curé de Saint-Roch a remplacé près de lui l’encyclopédiste. Sans doute que M. de Voltaire versera des larmes

  1. Damilaville mourut à Paris le 13 décembre 1768. — R.
  2. On a de lui un article Vingtième, imprimé sous le nom de Boulanger dans l’Encyclopédie, et une brochure intitulée : Honnêteté littéraire formant le second cahier des Pièces relatives à Bélisaire. C’est à tort que la Biographie universelle lui attribue le Christianisme dévoilé, qui est de d’Holbach. — R.