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MÉMOIRES SECRETS

3. — Les Étrennes de l’Amour[1], petite comédie jouée le premier jour de l’an, n’a reçu que très-peu d’applaudissemens : c’est une allégorie plate, triviale et misérable, qui ne mérite aucun détail.

5. — Les Comédiens Italiens ont donné aujourd’hui la première représentation de Lucile, comédie en un acte et en vers, mêlée d’ariettes. Tout le monde attribue les paroles à M. Marmontel, qui garde l’anonyme. La musique est du sieur Grétry. Cette pièce romanesque a produit à ce théâtre le rare spectacle d’un auditoire fondant en larmes. Le musicien a secondé le poète à merveille, et a brisé les cœurs par des ariettes passionnées. Chacun est sorti pleurant et enchanté ; en sorte qu’on regarde la pièce comme couronnée par le plus grand succès.

7. — Extrait d’une Lettre de Rennes du 2 janvier 1769.

« Il court ici une caricature dont il faut vous dire l’origine. Un avocat, nommé Du Parc Poulain, tout dévoué aux Jésuites et à leur cabale, a été le défenseur du prêtre Clémenceau dans l’affaire du poison, jugée définitivement le 5 mai 1768. Ce dernier, en reconnaissance, a fait, dit-on, tirer en grand le portrait de ce moderne Cicéron. Le jurisconsulte est représenté en robe, avec la croix de Saint-Michel par-dessus ; il tient d’une main ses Commentaires sur la Coutume de Bretagne, mauvais ouvrage, malgré les éloges de Fréron, et de l’autre sa première requête pour Clémenceau. Il fixe les yeux sur ses œuvres avec un air de complaisance. Des plaisans ont fait graver ce portrait et ont ajouté les deux quatrains

  1. Par Cailhava d’Estandoux. — R.