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DÉCEMBRE 1768

sait que cet auteur a entrepris de traduire tout le poëme. Il en a déjà présenté plusieurs essais aux assemblées publiques. Ce poète ne l’est point assez, à beaucoup près, pour nous rendre toutes les beautés de l’italien. Son génie froid et aride glace l’imagination brillante et féconde de l’original. C’est ce qui a paru par ce qu’il a fait voir dans les séances précédentes, et ce qu’il a confirmé dans celle-ci. Quoique ce chant ne soit pas le plus beau du poëme, il y a, comme dans tous, des morceaux de poésie et de sentiment admirables, mais infiniment affaiblis chez le traducteur, malgré tout ce qu’il veut y substituer du sien. Ses vers travaillés laissent voir toute la gêne du cabinet, et ne respirent en rien la mollesse et l’aisance que le Tasse sait si bien allier à la force et à la vigueur de ses pinceaux.

Le public serait sorti très-mécontent de cette séance si M. le duc de Nivernois, aujourd’hui duc de Nevers, ne l’avait régalé de quelques fables. Cet ingénieux moraliste en a lu six, toutes exquises dans leur genre : le Soleil et les Oiseaux de nuit ; Jupiter et le Rossignol ; le Sourd et l’Aveugle ; les Carrières ; les deux Somnambules ; les Poissons et les Grenouilles. On ne pourrait que répéter, à cet égard, les éloges déjà donnés à celles de cet auteur lues à l’assemblée de la Saint-Louis.



1769.

2 Janvier. Il paraît un nouveau conte intitulé : Apothéose du roi Pétau. On l’attribue à M. de Voltaire. C’est une allégorie satirique, réservée pour les ténèbres dans lesquelles elle a été enfantée.