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DÉCEMBRE 1768

fois en anglais à Londres, en 1761, sous le titre de the History of the own God’s man the heart ; que le but de l’auteur avait été de venger le feu roi d’une comparaison qu’on en avait faite avec le roi-prophète ; que cette ressemblance, bien loin d’être un éloge, ne pouvait que lui être injurieuse, comme on allait le faire voir par la vie même de David. On conçoit que tout ce début n’est qu’un persiflage pour amener l’histoire très-scandaleuse de ce monarque. Il est vrai que les faits articulés sont tirés des livres saints, et ne présentent même que des mémoires très-incomplets, auxquels l’écrivain n’a osé ajouter ni liaisons ni transitions : ce qui rend l’ouvrage décharné et absolument sec. Mais le fond est infiniment plus abominable, et ce qui n’offre que des traits d’un ordre extraordinaire à ceux qui les lisent dans la simplicité de cœur qu’exige l’Écriture sainte, forme, ainsi isolé, un tissu d’horreurs et de cruautés, dont se prévalent les impies pour peindre le saint roi comme un assemblage de tous les crimes.

On a réimprimé, à la suite de cet ouvrage, la tragédie de Saül et David, connue depuis long-temps[1] et d’une main bien supérieure ; car la première production est très-médiocre, écrite avec force quelquefois, mais sans élégance, et dénuée absolument de ce ridicule qui donne la vogue à ces sortes d’ouvrages, et que M. de Voltaire sait répandre avec tant d’art sur les matières qui en sont les moins susceptibles en apparence.

28. — Le réquisitoire de M. Perrot, avocat-général de la chambre des Comptes, dont a parlé, quoique rendu le 21 novembre, était resté dans une sorte d’obscurité qui l’avait mis à l’abri de la censure. Aujourd’hui qu’il

  1. V. 1er mai 1763. — R.