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MÉMOIRES SECRETS

aisé de juger par-là combien la Chambre s’est trouvée lésée de l’assertion de son inutilité et de sa surcharge sur l’État,

19. — Le Procès instruit extraordinairement contre MM. de La Chalotais, etc., paraît imprimé en trois volumes in-4°, mais il est d’une rareté excessive. La sévérité de la police et la difficulté de faire passer un ouvrage aussi volumineux, empêchent qu’il ne se répande promptement, il y en a cependant ici plusieurs exemplaires. On en a saisi dernièrement trois cents.

20. — Le Siècle de Louis XV, par M. de Voltaire, est aussi arrêté. Le Parlement a trouvé mauvais que cet historien censurât son jugement de M. de Lally, et ne veut point d’appel de ses arrêts, même à la postérité. Il s’est soulevé contre l’ouvrage, qui ne paraît plus que clandestinement.

— On a parodié l’épigramme contre M. de Duras, et l’on a fait un madrigal dans la même tournure en l’honneur de madame de Coaslin, la femme de la cour pour qui le roi de Danemark a paru prendre le plus de goût. C’est encore ce monarque qui parle :

Je cherche des grâces légères,
Un cœur honnête, un esprit fin :
Retirez-vous, beautés grossières,
Laissez approcher Coaslin !

21. — Mademoiselle Vestris, annoncée depuis longtemps, a débuté lundi aux Français dans les rôles de mademoiselle Clairon. Elle a joué pour la première fois dans Tancrède. Cette nouvelle Amenaïde a enchanté tous les spectateurs par sa figure, par la noblesse de sa position, de ses gestes, par la pureté de sa déclamation