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MÉMOIRES SECRETS

Françaises, dans une affaire malheureuse, où l’un d’eux s’est trouvé coupable de meurtre.

19. — Histoire des Révolutions de l’empire romain pour servir de suite à celle des Révolutions de la République, par Me  Linguet, avocat au parlement[1]. L’auteur adresse cet ouvrage à un de ses amis, et paraît montrer de l’humeur. Rebuté par quelques dégoûts, inévitables dans la profession des lettres, il s’est jeté dans le sein de la jurisprudence, et c’est ici qu’il fait ses adieux aux Muses. Son Histoire commence où finit celle de l’abbé de Vertot. Elle est distribuée en huit livres, depuis l’usurpation d’Auguste inclusivement, jusqu’à l’assassinat d’Alexandre Sévère, période qui comprend vingt-quatre empereurs. L’auteur semble avoir suivi une route opposée à l’abbé de Vertot. Le dernier ne met dans son ouvrage qu’autant de réflexions qu’il en faut pour lier les faits, et leur donner une certaine consistance : celui-ci ne paraît se servir des faits que pour y mêler des réflexions, tantôt de la plus grande justesse, tantôt un peu hasardées et pleines d’inductions quelquefois arbitraires. Il prend surtout à tâche de contredire toutes les idées reçues. Selon lui, Auguste n’avait aucune bonne qualité, et Tibère lui paraît bien plus honnête homme ; il en défend la mémoire. Il veut rendre suspect d’adulation sourde et raffinée Tacite, qu’il traite de misérable écrivain. Au reste, si ce livre doit être lu avec précaution, on le lit au moins avec plaisir : il est écrit avec beaucoup de génie, de force et de chaleur.

21. — Madame Geoffrin est partie aujourd’hui pour Varsovie au grand regret de ses amis, qui la voient avec peine entreprendre à son âge un si long voyage. On as-

  1. Paris, 1766, 2 vol. in-12. — R.