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DÉCEMBRE 1768

queurs, suivant qu’elles étaient placées l’une sur l’autre, et qu’elles y pesaient plus ou moins.

Le roi, émerveillé de tout ce qu’il avait entendu et vu, est convenu que le triple spectacle de ces compagnies savantes était ce qui l’avait le plus frappé en France.

M. d’Alembert, en lui faisant voir les détails et les ustensiles de l’Académie, lui a fait remarquer le buste de M. Winslow, fameux, académicien danois, qui semble partager les hommages de cette compagnie savante avec celui de M. de Réaumur. Il en a inféré combien la France était juste envers le mérite des étrangers. Ce sont là les deux seuls bustes qu’il y ait à cette Académie.

Toutes les Académies ont ensuite reconduit le roi de Danemark à son carrosse, et il a redoublé de remerciemens, de révérences et de signes d’admiration.

Entre autres phénomènes, l’Académie des Sciences se félicite d’y avoir vu siéger ce jour-là M. le maréchal duc de Richelieu, honoraire, qui n’y avait point pris place depuis vingt-huit ans.

9. — Les demoiselles Luzzi et Doligny, et les sieurs Le Kain, Brizard, Préville et Molé, de la Comédie Française, ont été mandés hier à l’hôtel du roi de Danemark, qui a fait donner une boîte à chacune des deux actrices, dont la plus belle à mademoiselle Luzzi, et cinquante louis à chacun des hommes. Cette exception cause une grande rumeur dans le tripot. Il y a beaucoup de jalousie, et les jalousés même ne sont pas trop contens. Ils se trouvent traités avec peu de magnificence par un prince dont la générosité s’est manifestée partout. Ils attribuent cette mesquinerie à M. le comte de Duras, qui a dirigé le monarque à cet égard depuis le départ de son père. Du reste, il a trouvé plus digne du roi de