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NOVEMBRE 1768

dont on ne peut lui cacher beaucoup de détails. Ce roi paraîtrait souhaiter qu’on tournât en secours abondans pour les malheureux tant de fêtes qu’on prépare de toutes parts à si grands frais. Ce serait, sans doute, la plus belle qu’on pût lui donner, et la plus digne des princes augustes, auxquels ceux qui les approchent devaient suggérer cette manière d’être vraiment grande.

— Un nommé Fierville, comédien, directeur de troupe, venu de Berlin en ce pays-ci depuis quelque temps, a été arrêté à Châlons-sur-Marne et envoyé en prison. On ne sent pas trop les raisons de cette punition. Il est des gens qui prétendent que c’est pour s’être refusé aux sollicitations des gentilshommes de la chambre, qui voulaient le faire débuter aux Français. Le sieur Fierville est un homme d’un très-grand talent et de beaucoup supérieur au sieur Le Kain, pour la figure, l’organe et les autres parties de l’extérieur du comédien. Il a montré beaucoup d’esprit et de grandes connaissances sur l’art dramatique.

17. — Le roi parlant du roi de Danemark à madame la comtesse de Chabannes, cette dame demanda à Sa Majesté si ce monarque était bien riche ? Le roi lui répondit que les finances de ce royaume avaient été dérangées, mais que ce prince avait un ministre qui avait bien réglé ses affaires et les avait mises sur un bon pied. « Ah ! Sire, repartit cette dame, vous devriez bien débaucher ce ministre-là. »

18. — On continue à recueillir les différens mots du roi de Danemark, qui soutiennent la bonne opinion qu’on avait conçue de la délicatesse de son goût et de la finesse de son esprit. On ne finirait pas de les rapporter tous. On choisira le suivant, comme le plus adroit