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OCTOBRE 1768

cir la matière, s’écrit et répond tour a tour. La secte regrette infiniment un citoyen estimable, qui, las d’attendre les grâces de la cour de France, prend enfin le parti d’aller en Pologne jouir du gros bénéfice dont on a parlé. Il espère revenir dans un an pour l’hiver, et recommencer ses instructions sur la science. C’est un terme par lequel messieurs les économistes expriment l’excellence de leurs recherches dogmatiques.

24. — Quelques confrères de M. l’abbé d’Olivet, touchés de sa perte, n’ont pu s’empêcher, dans l’excès de leur douleur, de répandre une anecdote jusqu’ici conservée dans le sein de l’Académie, et qui nous apprend quelle est la cause de sa mort. Dans la séance où il fut décidé que la pièce de M. l’abbé de Langeac aurait le prix, cet académicien, qui n’avait rien à ménager à son âge, s’opposa à une préférence qui, selon lui, déshonorait l’Académie. Il fit sentir combien le public se récrierait contre un tel choix, et s’armant de l’éloquence de l’orateur romain dont il était pénétré[1], il pérora longuement pour ramener ses confrères a un jugement plus impartial. Ce fut inutilement : c’était un parti pris ; il n’eut que peu de partisans. MM. d’Alembert et Duclos le traitèrent durement, l’appelèrent radoteur, et renouvelèrent enfin une scène de halle telle qu’il en avait déjà eu une avec ce dernier confrère, il y a quelques mois ; mais n’ayant pas le sang aussi bouillant, il fut saisi vivement de ces apostrophes injurieuses ; il fut frappé à mort dès l’instant, et tomba en apoplexie dès le soir même.

26. — Le Marseillais et le Lion, fable en vers, avec un petit avertissement, où l’on prétend que cet opuscule est de M. de Saint-Didier, auteur d’un poème ignoré,

  1. D’Olivet a traduit un grand nombre d’ouvrages de Cicéron. — R.