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MÉMOIRES SECRETS

l’Histoire naturelle de la superstition[1] encore mieux, c’est-à-dire plus diaboliquement.

22. — Le roi de Danemark n’a point voulu se montrer en public qu’il n’ait vu le roi de France, son frère. En conséquence il a été aujourd’hui à la Comédie Française en petite loge, dans celle de madame de Villeroi. Malgré cet incognito, comme on était prévenu, le public s’est porté en foule à ce spectacle, et tout y était plein de très-bonne heure. Le sieur Le Kain, revenu depuis quelque temps, a joué dans Warwick, tragédie de M. de La Harpe, et a déployé devant le jeune monarque toute la noblesse théâtrale dont il est susceptible.

23. — Tandis que les magistrats et les ministres s’occupent à ramener l’abondance, et à trouver les moyens de procurer au peuple une subsistance à meilleur marché, les économistes continuent a spéculer sur cette importante matière, et à faire des suppositions vagues, qui malheureusement ne nous guérissent de rien. Il paraît une brochure, intitulée : Réponse d’un magistrat du Parlement de Rouen, a la Lettre d’un gentilhomme des États de Languedoc, sur le commerce des blés, des farines et du pain[2]. L’auteur, avant de permettre l’exportation avec toute la liberté possible, voudrait que toutes les provinces adoptassent la méthode de la mouture économique : suivant lui, on gagnerait par là le septième du grain conservé en farine, ce qui donnerait une surabondance de grains bien supérieure à celle qu’on exporterait. On attribue cette nouvelle Lettre à M. l’abbé Baudeau, qui, comme on l’a observé, sans doute pour mieux éclair-

  1. V. 22 septembre 1768. — R.
  2. Amsterdam (Paris, Durand), 1768, in-12. — R.