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OCTOBRE 1768

les journalistes adulent à l’envi M. de Langeac, et étouffent le peu de talens qu’il pourrait avoir.

M. l’abbé Baudeau, prévôt mitré de Widziuneski, économiste infatigable, dévore d’un feu patriotique qu’il ne cesse d’exhaler, de communiquer, et dont il voudrait embraser tous ses concitoyens avant de quitter la France, vient de consigner ses derniers sentimens dans une nouvelle brochure qui a pour titre : Avis aux honnêtes gens qui veulent bien faire. Son objet est « de procurer au pauvre peuple des villes et des campagnes de meilleur pain, a meilleur marché, sans être obligé d’y rien perdre, et même sans se donner beaucoup de peine. »

21. — Homélie du pasteur Bourn, prêchée a Londres le jour de la Pentecôte ; mdcclxviii. Tel est le titre d’un nouveau sermon de M. de Voltaire, qui, comme tous les sermonneurs du monde, répète ce qui a été dit mille fois, non par les Bourdaloue, les Massillon, etc., mais par les Bayle, les Fréret, les Boulanger et autres docteurs de l’incrédulité. Celui-ci est spécialement dirigé contre la morale de Jésus-Christ, dont l’auteur infirme les principes. Ce sermon, qui, dans sa brièveté, résume de très-gros in-folio, n’en sera que plus couru et conséquemment plus dangereux. On ne peut que déplorer le malheureux talent de M. de Voltaire, d’extraire si agréablement les plus ennuyeuses productions, et de rendre délicieux les poisons les plus abominables.

La suite est un Fragment prétendu d’une lettre du lord Bolingbrocke, dans laquelle il fait sentir l’insuffisance de la superstition pour gouverner les États. Ceci n’est qu’une digression rapide sur cette matière, déjà traitée au long dans les Lettres a Eugénie[1], et dans

  1. V. 11 septembre 1768. — R.