Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/344

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
340
MÉMOIRES SECRETS

cette œuvre de ténébres qu’il renie. Toute la sagesse des amis du magistrat a été confondue par cette étourderie ; il a fallu montrer l’ouvrage, et adoucir, comme on a pu, cette censure, d’autant plus sensible, qu’elle est d’une vérité a laquelle les partisans même de l’historien ne peuvent résister.

8. — Bien des gens ont été étonnés de la dureté avec laquelle on a sévi contre les colporteurs flétris dernièrement par arrêt du Parlement, surtout vu l’énoncé des livres prohibés qu’on les accusait d’avoir vendus. Les gens au fait prétendent que leur grand grief est d’avoir distribué un libelle qu’on a craint de nommer dans un arrêt, quoiqu’il ait été annoncé, il y a plus d’un an, dans des gazettes étrangères. C’est le pamphlet intitulé : les Sabbatines et les Florentines[1]. Le titre seul prouve combien ils étaient coupables, et justifie l’austérité des magistrats aux yeux des gens au fait de l’énormité des crimes politiques.

9. — Les Droits des hommes et les Usurpations des papes, traduction prétendue de l’italien, datée de Padoue le 24 juin 1768. L’auteur rapproche dans un court espace le tableau des usurpations de la cour de Rome. Il fait voir que ce qu’on appelle le patrimoine du Saint-Père, que les droits du pape sur Naples et sur la Sicile, que le duché de Ferrare, que Castro et Ronciglione, qu’en un mot tout ce que possède le Saint-Siège, ne sont que les fruits de la fraude et de la violence. On accumule dans ce mémoire formidable les moyens de toute espèce qu’ont mis en usage tant de pontifes, f’humble mémoire, pour étendre leur domination, et l’on y trouve des forfaits nouveaux dont l’atrocité semblait leur être réservée. Le

  1. V. 26 juillet 1767. — R.