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OCTOBRE 1768

Voltaire vient de répandre à cette occasion un petit pamphlet ayant pour titre : les Colimaçons du Révérend Père L’Escarbotier, par la grâce de Dieu capucin indigne, prédicateur ordinaire et cuisinier du grand couvent de la ville de Clermont en Auvergne, au Révérend Père Elie, Carme chaussé, docteur en théologie. Ce bavardage est une rapsodie sur quantité de faits et de systèmes de physique que l’auteur entasse et discute. Cette première pièce est suivie de plusieurs autres du même genre, dans lesquelles on remarque une érudition superficielle, mais dont il a l’adresse de se parer, et qui peut en imposer aux lecteurs frivoles. Le tout est assaisonné de plaisanteries bonnes et mauvaises, mais qui acquièrent un grand mérite par le nom du critique. Cette facétie, qu’on a accouplée a la brochure intitulée les Droits des hommes et les Usurpations des papes, n’est pas, à beaucoup près, de la même force, ni pour l’intérêt, ni pour le sarcasme, ni pour le style.

7. — On a déjà parlé d’une critique amère de l’Abrégé chronologique de l’Histoire de France, du président Hainault[1], insérée dans des réflexions sur l’Histoire de Henri IV, par M. de Bury, et l’on n’a point dissimulé à qui l’on attribuait cette cruauté littéraire. Les amis du vieux président n’ont eu garde de lui parler d’une telle perfidie ; ils ont même évité avec soin de laisser tomber cette nouveauté sous ses mains. L’auteur, M. de Voltaire, qui se repent souvent le soir de ce qu’il a fait le matin, et qui depuis long-temps est accoutumé à désavouer de sa main gauche ce qu’il a écrit de la main droite, s’est cru obligé d’écrire au président Hainault une lettre d’excuse, où, avec son persiflage ordinaire, il fait la filiation de

  1. V. 29 juillet 1768, — R.