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MÉMOIRES SECRETS

pendre les travaux du fameux Pavillon du Roi, n’a pu se refuser cette année aux désirs de ce serviteur si jaloux des regards de son auguste protecteur. Le roi est allé un instant, le mercredi 28 septembre, visiter ce fameux bâtiment. Il l’a trouvé augmenté de plusieurs choses curieuses, mais surtout de sa statue, dont on a parlé il y a quelque temps, et qui est exécutée, en marbre, par le sieur Tassard. Ce qui a le plus flatté Sa Majesté, ce sont deux vers inscrits au bas, composés par le sieur Bouret même[1] dans l’enthousiasme heureux de son amour et de sa reconnaissance. Ils caractérisent à merveille les vertus du maître, et le zèle tendre du sujet. Ils sont dignes de passer à la postérité la plus reculée, et valent sans doute toutes les légendes qu’aurait pu enfanter l’Académie des Belles-Lettres. Les voici :

Juste, simple, modeste, au-dessus des grandeurs,
Au-dessus de l’éloge, il ne veut que nos cœurs.

5. — Un plaisant s’est égayé au sujet de l’inscription que les directeurs ont demandée pour la nouvelle salle d’Opéra. Il en a fait une qui ne sera sûrement pas adoptée ; mais elle est piquante et mérite d’être transmise au public :

Ici, les dieux du temps jadis
Renouvellent leurs liturgies :
Vénus y forme des Laïs,
Mercure y dresse des Sosies.

6. — On a pu voir dans plusieurs papiers publics la découverte faite sur des colimaçons auxquels on a coupé la tête qui leur est revenue quelques jours après. M. de

  1. Ces vers sont de Voltaire. Voyez sa lettre du 3 auguste 1768 à M. Bouret. — R.