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OCTOBRE 1768

couvre de ses sarcasmes, et le laisse en cet état exposé à la risée publique.

2. — On a exécuté ces jours-ci un arrêt du Parlement, qui condamne Jean-Baptiste Josserand, garçon épicier, Jean Lecuyer, brocanteur, et Marie Suisse, femme dudit Lecuyer, au carcan pendant trois jours consécutifs ; condamne, en outre, ledit Josserand à la marque et aux galères pendant neuf ans, ledit Lecuyer aussi à la marque et aux galères pendant cinq ans, et ladite Marie Suisse à être renfermée pendant cinq ans dans la maison de force de l’Hôpital général, pour avoir vendu des livres contraires aux bonnes mœurs et a la religion. Ces livres sont : le Christianisme dévoilé, l’Homme aux quarante écus, Éricie ou la Vestale, lesquels ont été lacérés et brûlés par l’exécuteur de la haute justice, lors de l’exécution des coupables. On s’est récrié contre la sévérité d’un pareil arrêt, qu’on attribue à M. de Saint-Fargeau, président de la chambre des vacations, homme dur et inflexible, et dont le jansénisme rigoureux n’admet aucune tolérance[1].

3. — Le 30 du mois dernier, les prévôts et échevins de la ville de Paris ont fait célébrer, dans l’église de Saint-Jean en Gréve, un service pour le repos de l’âme de la reine. Cette cérémonie a été exécutée avec une pompe presque égale à celle du service fait à Notre-Dame. Le curé de cette paroisse a prononcé l’oraison, supérieure a celles de M. l’évêque du Puy et de M. l’ancien évêque de Troyes.

4. — Sa Majesté, qui n’avait point honoré M. Bouret de sa visite pendant tout le temps que le dérangement des affaires de ce financier l’avait mis dans le cas de sus-

  1. V. 8 octobre 1765. — R.