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SEPTEMBRE 1768

affermir son trône que par la liberté et la vérité. Il règne en général dans ce livre un esprit républicain, une antipathie contre le sacerdoce, une force de raisonnement, une véhémence de style, qui le caractérisent parfaitement anglais.

27. — On vient de décocher encore un trait à M. l’abbé de Langeac, ou plutôt à l’Académie. Il y a apparence que c’est le dernier effort des mécontens. Voici l’épigramme :

L’Académie, et ab hoc et ab hac,
À tes vers plats, sans raison et sans rime,
Donnant le prix, te prouve bien, Langeac,
Plus fortuné qu’un enfant légitime.

28. — On vient d’imprimer une Lettre du Parlement de Normandie au roi. Elle est en date du 19 du mois dernier. Son objet est de revenir à la charge sur l’affaire de Bretagne, que les magistrats ne perdent point de vue. Ils sollicitent la justice de Sa Majesté de faire cesser les maux qui tourmentent la Bretagne ; de rappeler de leur exil les six magistrats reconnus innocens par les réponses mêmes du roi, et de rendre aux vœux de toute cette province le Parlement, tel qu’il était avant l’édit du mois de novembre 1765. On ne peut lire cet écrit sans attendrissement sur les peintures affligeantes qu’il contient, et sans se sentir l’âme élevée par l’éloquence mâle dont il est animé. Il enchérit, s’il est possible, sur tout ce qui a paru dans ce grand procès. Cette brochure n’est répandue que depuis deux jours.

30. — Les directeurs de l’Académie royale de Musique ont proposé aux curieux de chercher une devise[1]

  1. Diderot avait anciennement propose celle-ci : Hic Marsyas Apollinem, V.5 octobre 1768. — R.