Page:De Bachaumont - Mémoires secrets Tome 2 - 1766-1769 - Ravenel - Ed. Brissot-Thivars - 1830.djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
330
MÉMOIRES SECRETS

cachée par toutes les tournures d’une conversation ordinaire, et l’auteur, après s’être bien rempli l’esprit des traités les plus savans sur cette matière, après les avoir bien digérés, semble se les être rendus propres, et en avoir formé un corps de doctrine à l’usage des moins lettrés, et pour l’intelligence duquel il ne faut que du bon sens et une logique naturelle. Il serait bien à souhaiter que la religion trouvât de son côté quelque courtisan savant et aimable, qui écrivit dans le même goût en sa faveur, et fit un contraste qui servit de contre-poison à celui-ci, pour les femmes, les faibles et les ignorans.

12. — Le Gouvernement, toujours en garde contre les livres prohibés, dont le commerce devient de plus en plus étendu, est alerte pour arrêter l’introduction qu’on pourrait faire de cette marchandise. On vient de surprendre un ballot d’une quantité très-grande d’exemplaires de la tragédie de Lothaire et Walrade, ou le Royaume mis en interdit[1]. On voit, à l’inspection seule du titre, combien il est sage à la police de ne point laisser pénétrer une pareille brochure dans les conjonctures critiques de ses divisions avec la cour de Rome[2].

13. — Les Comédiens Français, depuis quelques jours, nous promettaient sur leurs affiches la nouvelle comédie de Laurette en deux actes et en vers ; elle était annoncée le dimanche pour hier lundi. On a vu avec surprise que non-seulement il n’en était plus question pour ce jour même, mais : qu’elle avait absolument disparu. Tout Paris s’est intrigué pour savoir la véritable raison de cette suspension. Quelques gens ont eu l’absurdité de l’attribuer aux intrigues de la famille de M. Dudoyer, très-absorbée dans la dévotion, et vouée au jan-

  1. Par Gudin de La Brenellerie. — R.
  2. V. 28 juillet 1768. — R.