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SEPTEMBRE 1768

ladie de langueur, dans laquelle il a constamment soutenu la douceur de son caractère et la fermeté de son âme. Ce citoyen estimable et éclairé ne s’arrêtait pas à des spéculations vagues, propres seulement a exercer le génie d’un savant ; il mettait ses études en pratique, et ne formait que des projets utiles et d’une exécution dont l’avantage était sensible pour tout le monde.

6. — Le service pour le repos de l’âme de la reine s’est fait aujourd’hui à Notre-Dame en la manière accoutumée.

M. Poncet de La Rivière n’a pas été tout-à-fait aussi long que M. l’évêque du Puy, mais son Oraison funèbre n’a pas paru de beaucoup supérieure a la précédente. On a prétendu que les Jésuites étaient autrefois d’un grand secours à ce prélat dans ses compositions, et qu’on s’est aperçu qu’ils lui manquent aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, elle ne répond point à ses autres ouvrages du même genre, et ce n’est assurément pas la matière qui manquait a l’orateur.

7. — Il paraît que la pièce du Huron, quoique ayant une sorte de succès, répudiée par différens auteurs auxquels on l’attribuait, reste enfin à M. Marmontel. C’est pour la troisième fois qu’il échoue dans ce genre. Aprés avoir travaillé deux fois sur son propre fonds, il a voulu essayer s’il serait plus heureux d’après la fiction ingénieuse d’un grand maître ; mais il n’a pas mieux réussi, et cette pièce ne doit la continuation de son existence qu’au musicien dont les connaisseurs applaudissent le talent naissant.

10. — On ne donnera plus Ernelinde à l’Opéra pendant le séjour du roi de Danemark à Paris. On croyait flatter ce monarque par un pareil drame, mais son am-