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MÉMOIRES SECRETS

loureuse. Cette virtuose n’est point une grande perte pour la littérature. Cependant, en faveur de son sexe, on lui doit savoir gré de ses efforts, et elle mérite qu’on jette quelques fleurs sur son tombeau.

4. — La comparaison des différentes piéces imprimées qui ont concouru pour le prix de l’Académie, n’est point, au gré des connaisseurs, à l’avantage de celle de M. l’abbé de Langeac. Cela occasione une grande fermentation dans le peuple littéraire, et bien des gens taxent l’Académie de partialité. On sait combien la mère a de crédit aupres de M. le comte de Saint-Florentin, et l’intérêt vif que ce ministre prend aux enfans de madame de Langeac. Un caustique, s’imaginant que ces raisons n’avaient pas peu contribué a déterminer les suffrages des juges, a fait l’épigramme suivante :

De par le roi, ces vers soient trouvés beaux !
Signé Louis, et plus bas, Phelypraux.

— On cite plusieurs traits du roi de Danemark qui annoncent sa jeunesse aimable. Ils ne répondent point à la gravité dont quelques gens, qui ne connaissent point l’humanité, voudraient qu’un monarque fût toujours accompagné. Il y a quelques jours que dans un souper ou était l’ambassadeur de cette Majesté, on en parlait. Madame la marquise de Nicolai dit fort étourdiment à ce ministre : « On assure que votre roi est une tête… — Oui, Madame, une tête couronnée, » répliqua-t-il. Tout le monde applaudit à la manière honnête et polie avec laquelle cet étranger releva, dans la bouche d’une femme, l’indiscrétion et l’indécence du propos.

5. — M. De Parcieux, de l’Académie royale des Sciences, vient de mourir, le 2 de ce mois, d’une ma-