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MÉMOIRES SECRETS

d’être utile est de M. Prieur ; l’Épître aux Pauvres, de M. Desfontaines. On ne sait pourquoi cette fois-ci on n’a point nommé les auteurs de ces accessit, et qu’on n’en a rien lu.

Il est arrivé, à cette assemblée, un petit incident qui, tout puéril qu’il soit, mérite d’être rapporté. Les portes de l’Académie étant fermées, et les Suisses de l’extérieur retirés, il est survenu beaucoup de monde, et l’on a pénétré facilement jusque dans l’Académie des Belles-Lettres, dont la salle précède celle de l’Académie Française. Vains efforts pour aller plus loin. MM.  Le Mière et Dorat, courroucés de rester a la porte du sanctuaire des Muses, ont proposé de tenir l’Académie. Tout le peuple littéraire a applaudi ; on s’est rangé autour de la table, et quelqu’un qui avait la pièce couronnée imprimée, ayant proposé d’en faire lecture, on a parodié la grande assemblée. C’étaient des éclats de rire, des brouhahas dont le bruit retentissait jusque dans l’autre salle ; ce qui a beaucoup incommodé les lecteurs, et surtout M. Marmontel, dont les accens passionnés se perdaient quelquefois dans le tumulte.

L’Académie se propose de prendre des précautions pour éviter dorénavant une farce aussi indécente, et empêcher que rien ne puisse troubler la solennité de cette auguste séance.

26. — On sait aujourd’hui que l’homme de qualité, âgé de quatre-vingt-deux ans, dont on a parlé[1], et qui a concouru pour le prix de l’Académie Française, est M. le baron de Châteauneuf, frère du feu maréchal de Maillebois. On est surpris que l’Académie n’ait fait aucune mention de cette circonstance. Ainsi l’on a vu, dans ce

  1. V. 5 juillet 1768. — R.