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AOÛT 1768

un plaisant, cet Éloge n’est qu’un feu d’artifice tiré en l’honneur de Fontenelle.

M. le duc de Nivernois a lu ensuite six fables de sa composition, savoir : l’Homme, les deux Enfans et les deux Ruisseaux ; le Sultan, le Visir et les deux Hiboux ; l’Écho ; le Palais de la Mort ; le Roi, le Santon, le Fleuve et la Poignée de terre ; enfin les Oiseaux, les Quadrupèdes et la Chauve-Souris. Rien de plus agréable que ces fables, dans lesquelles l’auteur a réuni la naïveté de La Fontaine, le sel d’Horace et les grâces du courtisan le plus aimable. Des moralités justes et piquantes, une narration pure, facile et poétique, des applications neuves, une richesse de détails prodigieuse : tout a paru charmant dans ces petits apologues, et le public ne pouvait se rassasier des instructions de ce philosophe ingénieux.

M. Duclos a fini la séance par la lecture du programme du prix d’éloquence pour 1769. Le sujet est l’Éloge de J.-B. Pocquelin de Moliere. Il a appuyé sur la déclaration de l’Académie : « que ceux qui prétendent au prix sont avertis que s’ils se font connaître avant le jugement, ou s’ils sont connus, soit par l’indiscrétion de leurs amis, soit par des lectures faites dans des maisons particulières, leurs pièces ne seront point admises au concours. » Il a ajouté verbalement que l’indécence du concours de cette année avait été si grande, que l’Académie avait été obligée de se prescrire cette sévérité pour l’avenir. Cet article paraît concerner spécialement M. de La Harpe, en faveur duquel Académie a bien voulu se relâcher cette fois, malgré exclusion qu’on lui avait donnée dans une assemblée. On a compris sa pièce dans les accessit ; c’est celle du Philosophe. Le Discours sur la Nécessité