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AOÛT 1768

blique de l’Académie Française, le jour de Saint-Louis, augmentant d’année en année, et la garde ordinaire de six Suisses ne suffisant pas, on l’a renforcée cette fois-ci d’un détachement d’invalides, commandé par un officier. Malgré cette barricade formidable, le tumulte augmentait ; la salle ne pouvait plus contenir les spectateurs, lorsque M. Duclos, secrétaire, maître des cérémonies de l’Académie, a fait fermer les portes, et Messieurs étant en place, M. de Chateaubrun, directeur, a déclaré que la pièce qui avait remporté le prix cette année avait pour titre : Lettre d’un fils parvenu à son père, laboureur. Il a ajouté que trois autres avaient eu l’accessit, sans que l’Académie prétendit assigner aucune préférence entre elles ; que la première était une Épître aux Pauvres ; la seconde, un Discours sur la Nécessité d’être utile, et que la troisième avait pour titre : le Philosophe. Il a témoigné les regrets de la compagnie de ne pouvoir couronner tant d’excellens ouvrages. Il a encore fait mention d’une pièce intitulée les Ruines[1], d’une autre sur les Disputes, mais contenant des réflexions et des détails sur lesquels la sagesse de l’Académie ne lui a pas permis d’appuyer beaucoup, et que ses statuts l’ont obligée de réprouver malgré tout son mérite. Il a dit qu’elle était de M. de Rulhiéres, officier de cavalerie. Après quoi M. Marmontel a lu, ou plutôt déclamé l’ouvrage couronné. Il a mis tant de pathétique, tant de chaleur dans son débit, que les gens peu au fait ont cru que cette épître était de lui. M. le directeur a repris la parole, a nommé l’auteur, M. L’abbé de Langeac ; il l’a invité de paraître, et ce jeune élève d’Apollon est venu prendre la médaille. Tout le monde

  1. Par M. Cœuille. — R.