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MÉMOIRES SECRETS

de l’aventure, il se rend chez le convulsionnaire, auquel il en impose d’abord par sa hardiesse et l’étalage de son érudition. Il écoute le récit du malade : il convient de l’habileté du devin qui lui a prédit sa maladie ; mais ce n’est encore qu’un élève dans l’art de la nécromancie, et il n’a pu voir tout ce qu’un plus grand maître peut découvrir. Il fait alors montrer au malade sa main : il lui répète tous les heureux pronostics du premier sorcier ; il en ajoute d’autres ; enfin il en vient aux signes diagnostiques des convulsions, et, après bien des recherches, il trouve qu’elles ne seront point mortelles. Il dit cela avec tant d’emphase et de confiance, qu’il frappe l’imagination du malade. Et lui prescrit quelques remèdes simples, auxquels il joint des formules précises et bizarres, qui annoncent toute la profondeur de son art. Bref, après avoir fait quelques visites à cet hypocondre, il ranime son espoir au point de faire cesser les accidens funestes qui étaient survenus. Il lui administre quelque dose de gaieté de temps à autre, et le guérit radicalement, au point que l’homme est comme a son ordinaire.

Les docteurs moroses ont voulu critiquer la conduite de M. Petit : ils ont prétendu qu’il avait avili sa profession par un rôle indécent et malhonnête ; comme si leur première science n’était pas de guérir, et si le plus habile médecin n’était pas celui qui emploie le moins de remèdes ! Cette cure fait infiniment d’honneur au moderne nécromancien auprès des philosophes et des amis de l’humanite,

13. — Épître aux Romains, par le comte de Passeran ; traduction de l’italien. Tel est le titre une brochure de quarante-deux pages, où l’on établit un parallèle de l’ancienne Rome avec la nouvelle, qui n’est sûrement pas à