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JUIN 1768

22. — Un Bénédictin vient de prendre en main la cause des moines, et la sagesse, la modération avec lesquelles il les défend, lui concilieraient beaucoup de lecteurs, s’il n’y avait encore de meilleures raisons à lui opposer. Son livre est intitulé : le Cénobitophyle, ou Lettres d’un religieux français a un laïque, son ami, sur les préjugés publics contre l’état monastique.

23. — M. Pigalle, cet artiste célèbre chargé de terminer les travaux de la statue équestre de Louis XV, commencée par Bouchardon[1], doit élever à M. de Montmartel un monument, témoignage de la douleur de sa famille. Il a imaginé de représenter un vase antique, contenant les cendres de ce citoyen estimable. Madame de Montmartel, sous la figure de la Piété, jette des fleurs sur cette urne précieuse. Un Génie, de l’autre côté, dans l’attitude de la plus grande tristesse, exprime les regrets dont tous les honnêtes gens ont honoré un financier bienfaisant. Il semblerait naturel que le personnage de la Piété étant représenté par madame de Montmartel, on eût reconnu M. de Brunoy dans la seconde figure. Malheureusement ce dernier ne paraît pas assez agréable au public pour avoir permis au compositeur de le mettre en scène. Quoi qu’il en soit, ce dessin sage et simple est proportionné au sujet, et marque dans M. Pigalle un homme de goût, capable de différens genres. On sait qu’il est l’auteur du mausolée de M. le comte de Saxe.

    de l’Histoire amoureuse de Pierre-le-Long, faite en 1768, est également précédée de ce titre : l’Innocence du premier âge en France. — R.

  1. V. ier août 1762. — R.