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MÉMOIRES SECRETS

qu’ils se divisent en anti-convulsionistes décidés ; en Convulsionistes décidés, où mitigés, sous-divisés les uns et les autres en Vaillantistes, Augustinistes, Margoullistes, Secouristes, Anti-Secouristes, Mélangistes, Discernans, etc., etc.

13. — M. l’abbé de Bassinet, auteur du Panégyrique de saint Louis, roi de France, prononcé dans la chapelle du Louvre, devant l’Académie Française, le 25 août 1767, a su qu’on lui faisait un crime de son ouvrage : 1° parce qu’il n’y avait pas mis un texte, suivant l’usage ; 2° parce qu’il y fait l’éloge de la pragmatique sanction de saint Louis ; 3° parce qu’il y condamne les croisades ; 4° parce que dans Louis IX il considère plus l’homme que le saint. Pour se justifier, il passe par-dessus sa modestie, et publie son discours où il y a vraiment du neuf.

— Un événement à peu près semblable à celui du Tartuffe se réalise aujourd’hui, et cause beaucoup de rumeur dans la finance, en ce qu’il intéresse la famille des La Borde. Le sieur de Claustre, prêtre de Lyon, après avoir été quinze ans précepteur des enfans de M. de La Borde, ancien fermier-général, est resté dans cette maison depuis son éducation finie jusqu’en 1762. Sa longue habitude dans la famille lui en a fait connaître tous les tenans et aboutissans ; il a profité de la faiblesse, du dérangement et de l’espèce d’abandon de ses parens les plus proches, où était un La Borde Desmastres, neveu du premier, pour s’insinuer dans son esprit, se rendre nécessaire, et lui faire enfin épouser la demoiselle Boutaudon, sa nièce, le 18 avril 1766. Alors il a montré les dents, et se mettant à la tête des affaires du jeune homme, a fait des répétitions considérables contre le père et l’oncle de son neveu, capables de ruiner l’un et