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JUIN 1768

servé ce qui ne s’était point encore passé à l’Opéra : les acteurs et la musique ont suspendu leur exécution pour donner un libre cours aux battemens de mains réitérés des spectateurs. Cet enthousiasme sera-t-il durable ? est-il bien fondé ? c’est ce que l’expérience prouvera.

11. — Extrait dune Lettre de Lyon du 5 juin.

« Nos comédiens ont joué vendredi sur leur théâtre Éricie ou la Vestale. Cette tragédie, proscrite par votre Sorbonne, a eu le plus grand succès à la représentation d’avant-hier. Malheureusement M. le prévôt des marchands a été obligé d’arrêter le cours de cette nouveauté. La cabale des dévots a crié contre un drame où la vie monastique est dépeinte sous les couleurs les plus effrayantes et les plus vraies. C’est devenu, comme à Paris, une affaire de religion, et il a fallu sacrifier à ces clameurs dangereuses les plaisirs du public. »

12. — Lettres à un Conseiller au Parlement de ***, pour servir de supplément a l’ouvrage qui est dédié à ce même magistrat, et qui a pour titre : Sur la Destruction des Jésuites en France, par un auteur désintéressé. On sait que cet auteur désintéressé est M. d’Alembert. Même fiel dans ces nouvelles Lettres, mêmes petits détails peu nobles et qui sentent plus l’auteur satirique que le véritable historien. Au reste, il tombe également d’estoc et de taille sur les Jésuites et sur leurs adversaires. S’il attaque les premiers à force ouverte et comme de véritables ennemis contre lesquels il n’y a rien à ménager, il prend une autre forme pour plaisanter les seconds ; il se travestit en arlequin, et les couvre, par ses lazzis, du plus grand ridicule. Les détails sur les convulsionnaires sont surtout fort curieux ; il apprend